Une éthique de l’environnement est-elle possible ?
Quelle place pour l’homme dans la nature ?
- A part ?
- Au-dessus ?
- Dans la nature ?
On s’est cru au-dessus, à part (La renaissance, les lumières). On s’aperçoit qu’on fait partie intégrante de la nature.
L’économie circulaire pourrait nous faire consommer mieux et moins, mais cela ne fait pas les affaires du capitalisme
Qu’est-ce que l’éthique ?
Nous avons réfléchi sur la différence entre éthique et morale. On fait la morale à quelqu’un, on ne lui fait pas l’éthique.
La morale c’est plutôt un ensemble de règles normatives qui s’imposent à nous, dans l’éthique, nous nous posons des questions sur le bien, le mal, nous avons à y répondre par nous-même.
Chaque profession a une éthique.
Jusqu’à quel point, pouvons-nous atteindre l’universalisme des valeurs ? Comme lutter contre le repli communautaire ?
Dominique Bourg dans son livre « Dévastation, la question du mal aujourd’hui » distingue deux formes de mal : la catégorisation selon des valeurs, des croyances (l’homophobie par exemple) et le mal lié à des évènements (le tremblement de terre de Lisbonne en 1755).
Comment garder son éthique personnelle ?
La morale est, selon la définition du Larousse un « ensemble de règles de conduite considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d’une certaine conception de la vie », et l’éthique est une réflexion argumentée sur les valeurs morales.
L’éthique fait l’examen de la justification rationnelle de nos jugements moraux, elle étudie ce qui est moralement bien ou mal, juste ou injuste.
Dans un sens plus large, l’éthique réfléchit sur la personne humaine et sur son interaction avec la nature et les autres hommes, sur la liberté, sur la responsabilité et sur la justice.
L’éthique regroupe un ensemble de règles qui se différencient et complètent les règles juridiques. Les règles éthiques ont un champ d’action différent de celui des règles juridiques : un acte pourra être légal mais non conforme à l’éthique (par exemple l’achat d’un objet fabriqué par un esclave) ; un acte pourra être illégal mais conforme à l’éthique (par exemple l’assistance à un réfugié politique). L’éthique inspire et précède souvent les règles juridiques.
Histoire de l’éthique
Dans l’Antiquité, l’éthique était dominée par le concept de « vertu » aussi bien chez Socrate que chez Platon, Aristote, les Stoïciens et Épicure. Ainsi, l’homme bon est celui qui réalise bien sa fonction, son télos. Il s’agit donc de réaliser pleinement la nature et ce qui constitue la nature humaine, afin d’atteindre le bonheur.
Au Moyen Âge l’éthique antique, celle de Platon puis d’Aristote, est intégrée à la tradition biblique.
Au début du xviie siècle, Descartes fut le premier philosophe à prendre nettement ses distances avec l’éthique antique qu’il jugeait trop « spéculative ». S’appuyant sur une nouvelle métaphysique, il fonde une morale dans un sens beaucoup plus individuel.
À la fin du xviiie siècle, le développement de l’éthique moderne se poursuit avec la pensée de Kant et la naissance de l’éthique déontologique : une réflexion critique sur les conditions de possibilité de la morale mettant l’accent sur le devoir.
Début du xxe siècle, avec Heidegger, l’éthique quitte toute dimension morale pour prendre les traits de la vérité de l’Être.
À l’apogée du xxe siècle et à l’aube du xxie siècle se développe l’éthique appliquée en rapport avec de nouvelles préoccupations environnementales et sociétales. C’est à travers la déontologie que s’établissent les codes de comportements au sein des gouvernances et des activités professionnelles.
Les rapports entre morale et éthique sont délicats, car la distinction entre ces deux termes eux-mêmes est différente selon les penseurs.
Qu’est-ce que l’environnement ?
Parler de l’environnement, c’est se positionner hors de la nature. Or l’être humain fait partie de la nature, l’être humain est une des espèces peuplant la terre. Parler d’environnement, n’est-ce pas donner une place trop privilégiée à l’être humain ? Que serait l’être humain sans air respirable ? Sans arbres ? Sans eau ?
Saint François d’Assise au 12ème siècle considérait que tous les êtres de la création devaient être mis sur le même plan., il ne devait pas y avoir de hiérarchie.
Développer une éthique de l’environnement
Notre système capitaliste est prédateur : consommation à outrance, individualisation, capture des terres riches en minéraux, etc…
Déjà l’indien Sitting Bull au 19ème siècle s’interrogeait sur le comportement prédateur des colons blancs.
Aujourd’hui en Tanzanie, les tribus Massaïs se déplacent en fontion des besoins de leurs animaux. Ils ont tous un téléphone portable, et disent que leur culture a des siècles et qu’ils veulent la protéger. Mais voila, on cherche à les sédentariser, car leur terre est riche en minéraux que veulent exploiter les chinnois.
En savoir plus sur les Massaïs : https://urlr.me/CwtPS
Il nous faut développer une meilleure connaissance de ce que nous sommes (des êtres dépendants de leur milieu), une connaissance qui ne serait pas pas uniquement centrée sur la raison, mais qui ferait une place importante aux sensations : s’immerger, sentir le vent, les arbres, écouter le chant des oiseaux. Utopique ? C’est pourtant ce que de plus en plus de gens font en méditant.
Les freins :
Le poids des mots : L’éco-terrorisme : (Le monde -2023)
L’« écoterrorisme », une arme politique pour discréditer la radicalité écologiste. Lancée par le ministre de l’intérieur, l’expression n’a pas d’existence juridique et vise à réprimander certaines formes de mobilisation environnementale par leur criminalisation.
Selon Philippe Subra, l’expression marque un renversement idéologique et relève d’une manipulation sémantique : « Si les violences de certains manifestants de Sainte-Soline sont de l’écoterrorisme, alors les menaces de mort proférées par des militants de la Coordination rurale contre les opposants au barrage de Caussade [Tarn-et-Garonne] ou les dégradations de biens appartenant à des écologistes en Bretagne devraient être qualifiées par le ministre de l’intérieur d’“agroterrorisme”. Ce qu’il se garde bien de faire. »
Les détournements sur les droits à polluer
https://urlr.me/Cj94X –
Pour Yannick Jadot, le système des quotas gratuits se situe « au-delà du jugement moral ». « Cette histoire est scandaleuse, comme l’est la possibilité d’aller acheter des droits à polluer dans des pays africains. C’est une façon de se déresponsabiliser et de pratiquer faussement la décarbonation », fustige-t-il. « Les entreprises ont dévoyé le concept des quotas gratuits pour faire du profit, cela pose une question éthique. Au moment où l’on essaie de sauver la planète, certains s’en mettent plein les poches, c’est indécent », résume Ana Isabel Martinez Garcia, spécialiste du secteur de l’acier au cabinet de conseil et d’expertise comptable Syndex. Indécent, mais légal.
La raison nous mène dans le mur. «La Crise écologique de la raison», de Val Plumwood, écrit en 2002 et traduit en français en 2024: La résolution des crises environnementales en cours passe par une critique de la raison qui sous-tend la pensée occidentale depuis les Lumières. «Tant que nous restons enfermés dans ce récit dominant qui met en scène le triomphe d’une raison héroïque sur une nature aveugle, il y a peu d’espoir pour nous», écrit de Val Plumwood (1939-2008) dans son essai la Crise écologique de la raison (PUF et Wildproject, 2024).
D’abord, bien identifier les coupables. Ici «une oligarchie de rationalités» scientifiques, économiques, administratives, éthiques, politiques. Afin qu’elles soient pleinement partie prenante de la solution, Val Plumwood invite la raison et la science à reconnaître un échec, leur échec. «La technoscience moderne a contribué à produire la crise environnementale au moins autant qu’à y remédier», défend-elle.
La racine du mal, selon Plumwood, est à chercher dans «la culture rationaliste et le dualisme humain-nature» qui «ont joué un rôle majeur dans la genèse de la crise écologique», écrit-elle.
Eléments de conclusion :
Si l’on s’accorde facilement sur le fait qu’une éthique de l’environnement est souhaitable, voire même possible, la question reste entière sur la mise en place de mesures efficaces pour garder l’habitabilité à notre planète.
La démocratie peut-elle imposer des mesures écologiques drastiques ? Dans son livre, « Le monde, modes d’emploi’ – 2024, Jacques Attali se montre pessimiste tout en disant avec force qu’il y a urgence, et que la voie pour garder notre planète habitable est très étroite.
Nous avons oublié que nous faisons partie de la nature. Notre système de consommation repose sur l’activation du désir.
Edward Bernays (1891 -1995), neveu de Freud, est un publicitaire austro-américain. Il est considéré comme le père de la propagande politique et d’entreprise, ainsi que de l’industrie des relations publiques, qui ont fortement contribué à développer le consumérisme américain. Dans le domaine des relations publiques et de la publicité, Edward Bernays met au point les méthodes d’incitation à la consommation pour des firmes comme Lucky Strike. Il a été l’un des premiers à industrialiser la psychologie du subconscient pour « persuader » l’opinion publique malgré elle. Il a élaboré ses propres théories, probablement en combinant les idées de Gustave Le Bon sur la psychologie des foules.
Comment faire pour déjouer ces pièges perpétuels de la consommation ?
Comment faire pour être plus fort que tous les Edward Bernays actuels ?
L’exemplarité pourrait faire tâche d’huile ? Moins consommer – moins manger de viande, etc… Le processus est déjà en cours. Est-ce que cela suffira ?
Les citations :
- La révolution écologique commencera vraiment quand chacun d’entre nous comprendra qu’il y a d’autres façons d’être riche. Jean-Charles Hourcade
- Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. Jacques Chirac en 2002
- Curieusement, ils ont l’esprit de labourer la terre et l’amour de la possession est une maladie chez eux. Ces personnes ont établi de nombreuses règles que les riches peuvent enfreindre, mais pas les pauvres. Ils prélèvent leurs dîmes sur les pauvres et les faibles pour soutenir les riches et ceux qui gouvernent. Sitting Bull chef de tribu (1831 – 1890)
- L’humanité est constamment aux prises avec deux processus contradictoires dont l’un tend à instaurer l’unification, tandis que l’autre vise à maintenir ou à rétablir la diversification. Claude Lévi-strauss
Liens :
Dominique Bourg situe l’origine de notre destructivité dans une « bifurcation » survenue au néolithique. Il identifie trois types de domination apparus à cette époque : la domination de la nature, la domination de genre et la domination des pauvres par les riches. Selon lui, la sédentarisation et l’agriculture ont permis l’émergence d’une domination sur la nature qui est à l’origine de notre crise écologique actuelle.
Pour sortir de cette situation, il propose une perspective à double détente. Il prévoit une « première décennie noire », avec une hausse des températures pouvant atteindre 2 degrés d’ici peu. Toutefois, il voit dans l’effondrement des sociétés actuelles une opportunité de développer des modèles alternatifs. La seconde étape serait l’occasion de développer d’autres modèles, où « On rejouerait différemment ces trois formes de domination » propres aux sociétés actuelles. Il cite l’exemple de l’agroécologie, une forme de production alimentaire respectueuse de l’environnement, mais regrette qu’elle ne soit pas encore assez développée
Bibliographie :
- Kant écologiste – Christophe Bouriau
https://www.babelio.com/livres/Bouriau-Kant-ecologiste/1599427
- Ethique – Spinoza
- Les hommes se croient libres par cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions, mais qu’ils ignorent les causes qui les déterminent.
- Le rapport meadows – Les limites à la croissance : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Limites_%C3%A0_la_croissance
- Fred Vargas: l’humanité en péril – 2019
- Aujourd’hui, le cheptel mondial d’animaux d’élevage s’élève à 28 milliards de têtes. Autrement dit, pour 1 humain, il existe 4 animaux d’élevage. C’est un poids dramatique pour l’environnement. Cela ne nous étonne pas que les pays les plus consommateurs de viande sont également les plus gros pollueurs du monde : en tête viennent les États-Unis, suivis du Brésil, de l’Union européenne et de la Chine
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- Les trois quarts des hommes en danger de mort, c’est ce vers quoi nous courons. Et depuis au moins quarante ans, les gouvernants laissent cette course mortifère se poursuivre sans frein.
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- Pour que cette croissance persiste et augmente, il faut donc que les gens achètent, consomment, tout et n’importe comment, mais toujours plus.
Nous animons des Café Philo une fois par mois à Neuilly-Plaisance.
Durée 1h30