Thème :

Qu’est-ce qu’une vie réussie   ?

Un minimum de réussite matérielle est nécessaire, mais réussir sa vie c’est plus large : importance du spirituel, des autres, de l’amour, de l’amitié, de la réalisation de soi.

Qui peut juger ce qu’est une vie réussie ? Soi ou les autres ? Il nous semble que c’est plutôt soi.

Ce thème amène rapidement des questions sur le bonheur, l’individualisme et le libéralisme.

Kant, Le Dr Anders Hansen disent : on n’est pas sur terre pour être heureux. Les grecs anciens pourtant parlaient du bonheur comme un objectif, défini par Epicure comme la recherche des plaisirs sains et naturels.

Deux livres récents font l’éloge des plaisirs minuscules : une sorte de voie moyenne. Comment accepter d’être moyen ? La voie du milieu du TAO, la voie  que propose également Bouddha (qui a testé les deux extrêmes : vie super protégée mais fausse et vie ascétique forcenée) peuvent peut-être nous servir de boussole dans les périodes agitées que nous vivons.

Réussir sa vie : tentative de définition :

  • C’est une vie bonne, c’est aussi accepter ce qu’on a raté. Faire au mieux de ce qu’on peut faire.
  • Être libre, cela nécessite de se connaitre soi-même
  • Avoir des liens forts, amis, famille et aussi avec Gaia notre terre.
  • Cohabiter avec ses paradoxes intérieurs
  • Faire des efforts, agir, avoir un projet, quelques objectifs
  • Plaisirs sains et naturels
  • Vivre dans le présent, ce qui ne veut pas dire ne pas tenir compte du passé et du futur.
  • Trouver son « essentiel »

La question n’a pas le même sens selon qu’on se la pose à 20 ans, en milieu de vie ou en fin de vie. Et si on se posait régulièrement la question pour pouvoir mieux vivre ?

Vivre le mieux possible avec les cartes distribuées. 

Podcast :

Comment trouver son essentiel ? 4 minutes – https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-question-philo/la-question-philo-du-samedi-07-octobre-2023-8006130

Charles Pépin répond à la question de Charlotte : « J’aimerais avoir des pistes pour trouver mon essentiel, ce qui me ressemble, ce qui me rassemble »

Pour Charles Pépinil s’agit moins de réfléchir que d’agir, moins d’introspection que d’action. Quand on réfléchit – est-ce que ma vie me ressemble ? Est-ce que ce métier me correspond ? est-ce que je suis vraiment libre ?…- on tourne très vite en rond, on est rapidement gagné par l’angoisse de ne voir aucune réponse claire se dégager. Mais quand on agit, quand on part à la rencontre des autres et du monde, quand on multiplie les expériences tout en prenant soin de s’écouter, tout en étant attentif à la manière dont on vit les choses, et dont elles nous transforment, alors on peut observer assez facilement si, dans notre manière de vivre, d’aimer et de travailler, on est en train ou non de se rapprocher de son essentiel.

Trois signes qui montrent que l’on se rapproche de son essentiel :

  1. Le premier, c’est qu’on a le sentiment de progresser, et même de progresser assez facilement.
  2. Le deuxième signe, c’est qu’on a un meilleur rapport aux autres, on est moins agressifs, moins ressentimentaux, plus à l’écoute, plus empathiques…
  3. Le troisième, c’est la joie, cette joie dont Spinoza disait qu’elle est le « passage d’une moindre à une plus grande perfection », bref le signe d’un accroissement de votre être. Si votre activité vous met en joie, il y a de fortes chances qu’elle vous corresponde et qu’en elle vous vous rapprochiez de votre essentiel, de ce qui compte pour vous. La joie peut alors être vue comme le signe que vous êtes sur la bonne voie, que vous marchez sur un chemin qui vous rapproche de vous-mêmes. « La joie, écrit Bergson, annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire ».

    Les citations :

    • Je réussirai ! Le mot du joueur, du grand capitaine, mot fataliste qui perd plus d’hommes qu’il n’en sauve. Honoré de Balzac
    • Il n’y a qu’un vrai succès : être capable de vivre ta vie à ta manière. Christopher Morley
    • La joie annonce que la vie a réussi – Henri Bergson

     

    Nietzsche – Le gai Savoir : Sagesse du monde (6) :

    Ne reste pas en bas
    Ne monte pas trop haut
    Le monde est toujours plus beau
    Vu à mi-hauteur

    Bibliographie :

    Éloge des vertus minuscules, de Marina Van Zuylen – 2023

    « Peu importe qui l’on est ou ce qu’on a accompli, il est rare d’échapper au sentiment qu’on aurait pu mieux réussir sa vie », constate Marina Van Zuylen  dans son Éloge des vertus minuscules. Car le drame est ici, comme le signale un personnage de L’Amie prodigieuse, d’Elena Ferrante : « C’était là le cœur du problème. Accepter d’être quelqu’un de banal. » Dégager une éthique fondée sur une valeur méprisée : l’assez bien.

     

    La Vie simple, de Carlo Ossola – 2023

    « La “vie simple” n’est pas si simple ; simplifier les désirs est plus difficile que les accroître »

    Les vertus minuscules conduisent vers la vie bonne. Où que l’on soit sur le chemin.

     

    Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Luc Ferry – 2009 –

      • Chez les Grecs, l’idée du bonheur est inséparable d’un sentiment d’harmonie avec l’ordre du monde.
      • Quelques valeurs immuables, telles l’amour, l’action…

     

    Une vie heureuse – Ginette Kolinka (2023). 98 ans.  A toujours habité rue JP Timbaud à Paris sauf de 1942 à 1945 où elle a été déportée. «On me demande pourquoi je souris tout le temps, mais c’est parce que j’ai tout pour être heureuse »

     

    La fatigue d’être soi. Alain Ehrenberg (2000)

      • Notre société est le cadre de vie de l’homme fatigué de devoir ‘être lui’ ! C’est en faisant son devoir (pour le bien collectif) qu’on se sent heureux ! Dans notre société moderne, la question du ‘Que faire’ doit être précédée de la question du ‘Qui suis-je’ puisque le bonheur ne s’obtient que par une mise en conformité de mes désirs profonds.
      • Les années 1970 ont été un temps charnière dans cette recherche de propriété de sa propre vie. Mais l’homme souverain, seul semblable à lui-même n’est plus unique, il est devenu masse. Pour tous, il n’y a rien au-dessus de chacun qui puisse dicter une conduite à suivre. L’homme devient donc un maître absolu mais sans boussole, sans cap, sans maître de référence, ni dans le temps, ni sur le lieu. Il doit donc porter l’entièreté de la responsabilité de ses choix et de son devenir. La pression augmente sur lui, sur son moi intime.

     

      Nous animons des Café Philo une fois par mois à Neuilly-Plaisance.

      Durée 1h30

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