« Sans la musique, la vie serait une erreur. »
Bio :
Né en 1844, perd son père à quatre ans , élevé par sa mère et ses deux tantes
1946 : naissance de sa soeur Elisabeth
1865 : Découvre Schopenhauer et lit son oeuvre majeure (Le monde comme volonté et représentation)
1868 : envisage une thèse de philosophie; rencontre avec Wagner
1869 : Professeur de philologie à l’université de Bâle
1870 : la tendance qui se répand à voir dans la suprématie militaire la supériorité d’une civilisation sur une autre suscite sa rélexion sur l’évolution de la civilisation européenne « une grande victoire est un grand danger » écrit-il
1875 : détérioration de son état de santé ; il suspend ses cours et commence une vie de voyages
il découvre Stendhal ; ses influences majeures (excepté Schopenhauer) ne sont pas philosophiques (un musicien : Wagner, un historien : Burckhardt, un écrivain : stendhal, puis Doistoïevski)
1878 : publication de « Humain, trop humain » dédié à Voltaire, avec comme sous-titre « Un livre pour esprits libres »
rupture définitive avec Wagner qui triomphe en Allemagne
1882 : rencontre Lou Andréas Salomé à Rome dans la basilique Saint-Pierre ; la demande en mariage le lendemain
1882 : parution du « Gai savoir »
1884 : parution de « Ainsi parlait zarathoustra »
sa soeur épouse l’un des chefs du parti antisémite en Allemagne
1886 : parution de « Par-delà le bien et mal » ; découverte de Doistoïevski
1887 : il écrit à sa soeur : « C’est toi, mon pauvre lama, qui as fait une des plus grandes bétises, et pour toi, et pour moi. …c’est pour moi une question d’honneur que d’observer envers l’antisémitisme une attitude absolument nette et sans équivoque, savoir : celle de l’opposition, comme je le fais dans mes écrits….Ma répulsion pour ce parti (qui n’aimerait que trop se prévaloir de mon nom ! ) est aussi prononcé que possible, mais ma parenté et le contre-coup de l’antisémitisme de mon ancien éditeur, ne cessent de faire croire aux adeptes de ce désagréable parti que je dois être un des leurs. Combien cela me nuit et m’a nui, tu ne peux pas t’en faire une idée…. »
1887 :parution de » la généalogie de la morale »
1888 : dernière année de vie consciente, caractérisée par une intense activité ; il publie » le cas Wagner, un problème pour musiciens », puis achève « le crépuscules des idoles » et rédige « l’antéchrist », « Ecce Homo », et « Nietzsche contre Wagner »
1889 : effondrement à Turin ; sombre dans la démence ; sa soeur le recueille puis falsifie ses textes
1900 : meurt, probablement des suites de la Syphilis.
VALEURS DES MOUTONS | VALEURS DES AIGLES ( le »mal » pour les moutons) |
DOUCES FICTIONS |
LA DURE REALITE |
L’homme, créature de Dieu | L‘homme, créateur de dieux |
Le début de l’univers | L‘univers cyclique |
Buts, finalité, lois de la nature | Jeu de forces |
Esprit, âme | Corps |
La personnalité | Métamorphoses, rôles, masques |
Devoir, culpabilité, péché | Frisson de volupté |
Culte de la moyenne | Culte de l’exceptionnel |
Paix | Convoitises, combats, conquêtes |
Ruminer ses rancunes | La force de l’oubli |
Indignation | Sourire bienveillant |
Peur du changement | Incarnation du changement |
Vertige | Danser au bord de l’abîme |
Besoin de certitudes | Besoin d’incertitudes |
Eternel | Ephémère |
Tout savoir | Ignorer beaucoup |
Le droit chemin | Labyrinthes |
« Il faut » | « Je veux » |
Solidarité universelle | Société choisie |
Se sacrifier | Préserver sa bonne humeur |
Troupeau | Solitude |
Egalité | Recherche de vents ascendants |
Haine mortel des aigles | Mépris indulgent des moutons |
Luxe | Indépendance |
Esclavage | Maître de soi, maître du monde |
Esprit de clocher | Vagabond |
Gravité | Légèreté |
Simple | Complexe |
Le gai savoir :
Avant-propos (extraits) :
…. Que je n’oublirai pas, pour finir, de dire l’essentiel : on revient regénéré de pareils abîmes, de pareilles maladies graves, même de la maladie du grave soupçon, on revient comme si l’on avait changé de peau, plus chatouilleux, plus méchant, avec un goût plus subtil pour la joie, avec une langue plus tendre pour toutes les choses bonnes, avec l’esprit plus gai , avec une seconde innocence, plus dangereuse dans la joie ; on revient plus enfant et, en même temps, cent fois plus raffiné qu’on ne le fut jamais auparavant…..
…..non, nous ne trouvons plus de plaisir à cette chose de mauvais goût, la volonté de vérité : nous avons trop d’expérience pour cela, nous sommes trop sérieux, trop gais, trop éprouvés par le feu, trop profonds…
Plaisanterie, ruse et vengeance
intrépide (3)
Où que tu sois, creuse profondément.
A tes pieds se trouve la source !
Laisse les obscurantistes crier :
« Au-dessous est toujours – l’enfer ! »
Le sceptique parle (61)
La moitié de ta vie est passée,
L’aiguille tourne, ton âme frissonne !
Longtemps déjà, elle a erré,
Elle cherche et n’a pas trouvé – et la voici qui hésite ?
La moitié de ta vie est passée :
Elle fut douleur et erreur, d’heure en heure !
Que cherches-tu encore? Pourquoi ?
– c’est justement ce que je cherche – ce que je cherche !
Sagesse du monde (6)
Ne reste pas en bas
Ne monte pas trop haut
Le monde est toujours plus beau
Vu à mi-hauteur
Le brave (14)
Plutôt une inimitié de bon bois,
Qu’une amitié faite de bois recollés !
Rouille (15)
Il te faut rouiller aussi : être coupant ne suffit pas !
Sinon on dira toujours de toi : » il est trop jeune » !
Le solitaire (33)
Je déteste autant de suivre que de conduire.
Obéir ? Non ! Et gouverner jamais !
Celui qui n’est pas terrible pour lui, n’inspire la terreur à personne
Et seul celui qui inspire la terreur peut conduire les autres.
Je déteste déjà me conduire moi-même !
J’aime, comme les animaux des forêts et des mers,
A me perdre pour un bon moment,
A m’accroupir, rêveur, dans des déserts charmants,
A me rappeler enfin moi-même, de loin,
Et à me séduire moi-même
Conseil (43)
Tu aspires à la gloire ?
Ecoute donc ce conseil :
Renonce à temps, librement,
A l’honneur !
Mon bonheur (2)
Depuis que je suis fatigué de chercher
J’ai appris à trouver.
Depuis qu’un vent s’est opposé à moi
Je navigue avec tous les vents.
Pour les danseurs (13)
Glace lisse,
Un paradis,
Pour celui qui sait bien danser.
Ames étroites (18)
Je hais les âmes étroites :
Il n’y a rien de bon et presque rien de mauvais.
Le prochain (30)
Je n’aime pas que mon prochain soit trop proche de moi :
Qu’il s’en aille au loin et dans les hauteurs !
Sinon comment ferait-il pour devenir mon étoile ?
Principe des trop subtils (42)
Plutôt marcher sur la pointe des pieds
Qu’à quatre pattes !
Plutôt passer à travers le trou de la serrure,
Que par les portes ouvertes !
26 Que signifie vivre ?
Vivre – cela signifie : repousser sans cesse quelque chose qui veut mourir. Vivre- cela signifie :être cruel et implacable contre tout ce qui, en nous, devient faible et vieux, et pas seulement en nous. Vivre, cela signifierait donc : être sans pitié pour les agonisants, les misérables, les vieillards ? Ëtre sans cesse assassin ? Et pourtant le vieux Moise a dit : « Tu ne tueras point ».
364 L’ermite parle
L’art de fréquenter les hommes repose essentiellement sur l’habitude (qui suppose un long excercice) d’accepter, d’absorber un repas dont la préparation n’inspire pas confiance. En admettant que l’on vienne à table avec une faim d’ogre, tout ira facilement (« la plus mauvaise compagnie te permet de sentir-comme dit Mhéphistophélès) ; mais on ne l’a pas, cette faim d’ogre, lorsqu’on en a besoin ! Hélas ! combien les autres sont difficiles à digérer. Premier principe : prendre son courage à deux mains, comme quand il vous arrive un malheur, y aller hardiment, être plein d’admiration pour soi-même, serrer sa répugnance entre les dents, avaler son dégoût. Deuxième principe : rendre l’autre « meilleur », par exemple par une louange, pour qu’il se mette à suer de bonheur sur lui-même ; ou bien prendre par un bout ses qualités bonnes et « intéressantes » et tirer jusqu’à ce que l’on ait fait sortir toute la vertu et que l’on puisse draper l’autre dans ses plis. Troisième principe : l’autohypnotisation. Fixer l’objet de ses relations comme un bouton de verre jusqu’à ce que, cessant d’éprouver du plaisir ou du déplaisir, l’on s’endorme imperceptiblement, que l’on se raidisse, que l’on finisse par avoir du maintien : un moyen domestique emprunté au mariage et à l’amitié, abondamment expérimenté et vanté comme indispensable, mais non encore formulé scientifiquement, Son nom populaire est -patience.
Mes roses (9)
Oui ! mon bonheur – veut rendre heureux !
Tout bonheur veut rendre heureux !
Voulez-vous cueillir mes roses ?
Il faut vous baisser, vous cacher,
Parmi les ronces, les rochers,
Souvent vous lécher les doigts !
Car mon bonheur est moqueur !
Car mon bonheur est perfide ! –
Voulez-vous cueillir mes roses ?
Citations :
Ce qui ne te tue pas, te rend plus fort.
Tout ce qui a son prix est de peu de valeur.
Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion.
Il faut suivre sa pente, à condition que ce soit en montant.
On veut la liberté aussi longtemps qu’on n’a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie.
Nul vainqueur ne croit au hasard.
Il est plus facile de renoncer à une passion que de la maîtriser.
Ce qui me bouleverse, ce n’est pas que tu m’aies menti, c’est que désormais, je ne pourrai plus te croire.
L’homme a besoin de ce qu’il y a de pire en lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur.
Deviens ce que tu es. Fais ce que toi seul peut faire.
Il est difficile de vivre avec des humains, parce qu’il est difficile de se taire.
L’ami doit être passé maître dans l’art de deviner et dans l’art de se taire.
La maturité de l’homme, c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant.
Et souvent il y a plus de bravoure à se retenir et à passer : pour se réserver pour un ennemi plus digne.
Qui ne croit en lui-même, ment toujours.
Il n’est jamais trop tôt, il est toujours trop tard.
Le sérieux, ce symptôme évident d’une mauvaise digestion.
Beaucoup meurent trop tard et quelques uns meurent trop tôt. La doctrine « Meurs à temps » nous est encore étrangère.
L’ennemi de la vérité, ce n’est pas le mensonge, ce sont les convictions.
Créer – voilà la grande délivrance de la souffrance, voilà ce qui rend la vie légère.
Nous animons des Café Philo une fois par mois à Neuilly-Plaisance.
Durée 1h30