Le bonheur dépend-il de nous ?
Ce fut un sujet très discuté. Pas étonnant car à travers les siècles, les philosophes ont traité ce sujet de multiples manières :
Bon Heur dérivé du vieux latin augurium signifie en vieux français « bonne chance »
- Qu’est-ce que le bonheur ?
Doit-il être intense comme le préconise Nietzsche ? Un grand oui à la vie ?
Ou bien une vie tranquille, calme équilibrée, comme le pensait Tolstoï à un moment de sa vie ?
Ne fixe-t-on pas souvent la barre trop haute. Peut-être qu’il ne faut fixer aucune barre ?
Si les philosophes ont donné des réponses si différentes, c’est peut-être que le bonheur c’est très personnel ?
- Qu’est-ce qui nous permet d’être heureux ?
- Qu’est ce qui empêche d’être heureux ?
- Le bonheur est-il le principal but de la vie ? Kant répond que non.
- Le bonheur et le plaisir sont-ils identiques ?
- Peut-on être heureux si les autres ne le sont pas ?
- Peut-on être heureux et privés de liberté ?
- Faut-il rechercher le bonheur ?
Pour Épicure, le bonheur réside dans un double état : l’aponie et l’ataraxie. L’aponie est l’absence de douleur physique et l’ataraxie est la paix de l’âme. En fait, nous passons notre vie à rechercher les plaisirs menant au bonheur. Comment accéder au bonheur ? En supprimant le principal facteur d’angoisse, qui est la crainte, répond Epicure. Or la crainte se manifeste sous deux formes principales : la peur de Dieu et la peur de la mort.
Vivre en épicurien, c’est donc :
- Rechercher le bonheur, conçu comme élimination de ce qui nous fait souffrir.
- Ne pas craindre la mort.
- Vivre au présent et non dans les souvenirs ou l’attente du futur.
- Refuser de croire aux dieux, à la providence ou à quelque finalité (rien n’est prémédité, pas même l’ordre et la beauté du monde).
- Admettre l’existence d’une infinité de mondes au-delà du nôtre.
- Adopter une hygiène de vie qui repose sur l’équilibre naturel : la nature est le seul guide.
- Considérer que toute quête, parce qu’elle est sans fin, nous entraîne au-delà de ce qui est, en nous, naturel, et nous écarte ainsi du bonheur.
- Philosopher, puisque penser est la seule activité qui peut rassurer l’homme, dissiper les ténèbres de l’âme et lui permettre d’atteindre cette tranquillité qui est la condition du bonheur.
Selon Socrate, la sagesse n’est pas un savoir théorique, mais un savoir-vivre qui doit permettre d’accéder au bonheur. Ce bonheur s’obtient en vivant de façon vertueuse, selon la justice, vertu morale suprême.
Nietzsche se réfère à « la vie », qu’il qualifie de « volonté de puissance » et qu’il considère comme ambivalente, « par-delà le bien et le mal ». Selon lui, le vrai bonheur résulte d’un raccordement à l’énergie vitale, à l’encontre des positions moralisatrices véhiculées par la bourgeoisie :
En 1967, dans son livre « Métamorphose du bourgeois », Jacques Ellul affirme que les sociétés modernes vivent sous l’emprise de l’« idéologie du bonheur » Ellul précise que l’idéologie du bonheur et l’idéologie du travail constituent les deux faces d’une même conception du monde : le bourgeois a érigé le travail en valeur universelle.
Gilles Lipovetsky qualifie le bonheur de « paradoxal » car un très grand nombre d’individus se déclarent plutôt heureux alors qu’il s’avère qu’il n’y a jamais eu autant de dépressions, de mal de vivre, d’inquiétudes, d’anxiétés. La société d’hyperconsommation multiplie les jouissances privées mais se montre incapable de faire progresser la joie de vivre.
Pour Kant, le bonheur est un concept indéterminé : chaque personne le définit selon ses préférences et ses goûts. On ne peut donc pas s’accorder sur une définition du bonheur. C’est un concept empirique, ce qui veut dire qu’il est défini en fonction de l’expérience de chacun.
Le bonheur est-il un idéal inaccessible ?
- Kant répond oui. Pour Kant le bonheur vient de l’imagination plutôt que de la raison. C’est donc vague. « Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination. »
- Épicure : Le bonheur est accessible. Nous pouvons l’atteindre en utilisant bien notre raison. « La santé du corps, la tranquillité de l’âme sont la perfection de la vie heureuse. »
Le désir est-il un obstacle au bonheur ?
- Socrate répond, oui. (Gorgias de Platon).
- Callidès (autre personnage du Gorgias) considère que pour être heureux, il faut désirer toujours plus car c’est ainsi qu’on se sent vivant.
- Rousseau répond non. Le bonheur est dans le désir lui-même, pas dans la satisfaction. Importance du rôle, du désir et de l’imagination dans le bonheur. « Malheur à celui qui n’a plus rien à désirer. Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. »
Le bonheur dépend, tout dépend il de nous. ?
- Epictète. Notre bonheur ne dépend pas des événements, mais de la manière dont nous jugeons les événements.
Le bonheur est-il ce que nous recherchons le plus ?
- Aristote répond, oui.
- John Stuart Mill répond, non. Peu d’humain accepteraient de devenir une vache même si on leur disait qu’ils seraient plus heureux.
Le bonheur, c’est peut-être aussi de partager un moment souriant avec des inconnus. Une vidéo où l’on voit qu’on reçoit ce qu’on émet :
Les citations :
- « J’ai décidé d’être heureux, c’est bon pour la santé ». Voltaire
- Le secret du bonheur, c’est de trouver une monotonie sympathique. Victor Sawdon Pritchett
- Quand je suis allé à l’école, ils m’ont demandé ce que je voulais être quand je serai grand. J’ai répondu heureux. Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question, j’ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie. John Lennon
- C’est là qu’est le secret du bonheur et de la vertu – aimer ce qu’on est obligé de faire. Aldous Huxley
- Je sais maintenant que le secret d’une vie heureuse est d’abord de vouloir ce qui est nécessaire, et ensuite d’aimer ce qu’on a voulu. Irvin David Yalom Et Nietzsche a pleuré (2007)
- Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose : ne pas savoir rester au repos dans une chambre (Pascal)
- Si tu es en peine à cause d’une chose extérieure, ce n’est pas cette chose qui te trouble, c’est le jugement que tu portes sur elle. Marc-Aurèle
- Personne ne choisirait de posséder tous les biens de ce monde pour en jouir seul. Aristote
- Ce qui me parait évident, c’est qu’il est impossible que l’on soit heureux si on ne veut pas l’être. Il faut donc vouloir son bonheur et le faire. Propos sur le bonheur. Alain.
- « Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. » – Épicure
- Il faudrait essayer d’être heureux. Ne serait-ce que pour donner l’exemple. Jacques Prévert
Et si le bonheur, c’était de rendre heureux les autres ?
Trouver son Ikigai :
Trouver son ikigaï (qui n’est pas figé et peut évoluer) permet de mieux se positionner dans la vie :
- Ce que j’aime
- Ce en quoi je suis douée
- Ce pour quoi je pourrais être payé
- Ce dont le monde a besoin
Les combinaisons de ces 4 propositions permettent de définir son ikigaï qui s’inscrira au centre du schéma (voir schéma ci-dessous).
Littéralement, “iki” signifie “vie” et “gaï” veut dire “qui vaut la peine”. C’est une vie dans laquelle on se sent “complètement aligné avec soi-même dans tous les domaines”, où on se dit “Je suis là où je dois être.”
Bibliographie :
- « Métamorphose du bourgeois », Jacques Ellul
- « Walden ou la Vie dans les bois » de Henri David Thoreau
- « Les Cinq clés du bonheur » Tal Ben-Shahar, Julie Blanc …Cinq clés fondamentales pour atteindre le bonheur. Le bien-être spirituel, physique, intellectuel, relationnel émotionnel
- « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » Jonas Jonasson
Nous animons des Café Philo une fois par mois à Neuilly-Plaisance.
Durée 1h30