Thème :

Peut-on vivre sans musique  ?

La musique, une création culturelle humaine ? Une aptitude innée ?
La musique est universelle, en cela qu’on observe sa présence dans toutes les cultures, à toutes les époques connues depuis les sociétés préhistoriques et l’établissement d’humains modernes en Europe il y a 40 000 ans.

Livre Musicophilia d’Oliver Sachs. Page 10 :  L’origine de la musique humaine déroutait  Darwin. L’aptitude à produire des notes musicales, la jouissance qu’elle procure n’étant d’aucune utilité directe, nous pouvons ranger ses facultés parmi les plus mystérieuses, dont l’homme soit doué.

Avec l’apport des neurosciences, nous savons qu’écouter de la musique fait libérer de la dopamine dans le cerveau. Les zones cérébrales des émotions musicales ne sont pas distinctes des zones des autres émotions. De manière générale, les musiques très plaisantes activent les régions du cerveau impliquées dans la récompense/motivation, les émotions et l’excitation, notamment le striatum ventral, le mésencéphale, l’amygdale, le cortex orbitofrontal et le cortex préfrontal ventral médian

Importance du lien musique-danse.

Les émotions portées par la musique
Environ 80 % des adultes ressentent des émotions physiques visibles (frissons, joies, peurs, pleurs) à l’écoute de la musique.

Livre Musicophilia d’Oliver Sachs.Page 246. Seule la joie et la tristesse sont directement exprimables.
Livre Musicophilia d’Oliver Sachs.Page 255.Souvent la musique, celle de Bach, Beethoven, etc, n’exprime pas des émotions ni même des humeurs. Elle crée des climats.

La musique, une affaire de mathématique ? Pour Pythagore, tout est nombre. Il découvre un rapport entre les sons justes et la longueur des cordes. Les intervalles musicaux consonants sont généralement ceux pour lesquels il existe un rapport simple entre les fréquences de deux sons.  Par exemple, un « do » à 260 Hertz (Hz) et un « sol » à 390 Hz ont un rapport de 2:3 entre leurs fréquences, formant un intervalle de quinte parfaite agréable à entendre lorsqu’ils sont joués simultanément. En revanche, le même « do » et le do dièse (277 Hz) ont un rapport complexe d’environ 17:18 et sont considérés comme désagréables lorsque joués simultanément, avec une sensation de son « rugueux ».

Les Trois types de sons à entendre : le bruit, la musique, la parole.

La musique aurait-elle une fonction biologique particulière ?  Cohésion du groupe ? langage universel ?

De nombreux philosophes ont développé des théories de la musique. C’est en particulier le cas d’Arthur Schopenhauer (joueur de flûte) pour qui la musique est l’art métaphysique par excellence. Sa philosophie eût une influence déterminante sur Richard Wagner. Friedrich Nietzsche, ami de Wagner et compositeur à ses heures, accorde également une place de choix à la musique dans sa pensée.

Schopenhauer place la musique au-dessus de tout : « c’est un art si élevé et si admirable, si propre à émouvoir nos sentiments les plus intimes, si profondément et si entièrement compris, semblable à une langue universelle qui ne le cède pas en clarté à l’intention elle-même. » Pour lui la musique et l’harmonie reflètent l’organisation du monde.

Contrairement à la peinture ou à la poésie par exemple, la musique n’est pas un art figuratif ou représentatif, elle ne se réfère qu’à elle-même. La musique n’imite aucun objet du monde extérieur. Elle se compose de signifiants sans signifiés. On peut toujours trouver une signification à telle ou telle composition, mais il ne s’agira que d’une signification indirecte, suggérée plutôt que désignée.
Kant place la poésie au-dessus de tous les autres arts. Les arts, en effet, peuvent se classer selon le critère d’expression et de communication. Nous communiquons par des mots (art de la parole), par des gestes (art figuratif) et par le ton (art du jeu des sensations). Aussi la poésie, art de la parole, est le plus symbolique de tous les arts, celui qui donne le plus à penser et nous élève jusqu’à l’Idée morale. Inversement, la musique, cas particulier du jeu des tons, donne des sensations agréables mais reste un art inférieur par son absence de symbolisation directe (pour Kant).

Certains ont peu ou pas accès au plaisir de la musique instrumentale. Trouble de l’amusie et de la dysmusie. La dysmusie est un trouble congénital affectant diversement la perception de la musique, parfois jusqu’au point où celle-ci ne constitue qu’un bruit gênant. Theodore Roosevelt, Che Guevara, Vladimir Nabokov, entre autres, étaient atteints de dysmusie.

Importance des paroles.  On peut écouter de la musique instrumentale, ou des chansons où le sens des paroles est important.

Au 18ième siècle, nous encyclopédistes ont parfois du mal avec la musique instrumentale. . Rousseau dans l’article « sonate » de l’encyclopédie écrit : « J’ose prédire, qu’une mode si peu naturelle ne durera pas. La musique est un art d’imitation, mais cette imitation est d’une autre nature que celle de la poésie, de la peinture ; et pour la sentir, il faut la présence ou du moins l’image de l’objet inné ; C’est par les paroles que cet objet nous est présenté et c’est par les sons touchants de la voix humaine, jointes aux paroles que ce même objet porte jusque dans les cœurs le sentiment qu’il doit y produire. Qui ne sent combien la musique instrumentale est éloignée de cette âme et de cette énergie… Pour savoir ce que veulent dire tous ces fatras de sonates dont nous sommes accablés, il faudrait faire comme ce peintre grossier qui était obligé d’écrire au-dessous de ces figures, C’est un homme, c’est un arbre, c’est un bœuf. Je n’oublierai jamais le mot du célèbre Monsieur de Fontenelle qui se trouvant à un concert excédé de cette symphonie éternelle s’écria tout dans un transport d’impatience « sonate, que me veux-tu ? »

Importance des vibrations. Techno – Metal – la transe 

Importance aussi des silences qui mettent en valeur la musique.

Laissons conclure Nietzsche : sans la musique, la vie serait une erreur.

 

Quelques pistes en Mind Map :

Les citations :

  • La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie. Beethoven
  • La musique est la langue des émotions. Kant
  • Sans la musique, la vie serait une erreur. Nietzsche
  • La musique est l’expression parfaite d’un monde idéal qui s’exprimerait à nous par le moyen de l’harmonie. Camus
  • La musique donne l’idée de l’espace. Baudelaire
  • Le pouvoir de la musique est d’exprimer l’âme qui pleure. Archie Shepp
  • A quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ? Cioran
  • La musique est peut-être l’exemple unique de ce qu’aurait pu être – s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées – la communication des âmes. Proust
  • Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique. Platon
  • La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée. Platon
  • Je crois à Dieu, à Mozart, à Beethoven, je crois que leur musique procède de Dieu et vit dans les cœurs de tous les hommes éclairés d’en haut. Wagner

 

 

Bibliographie :

 

  • Pourquoi la musique ? Francis Wolff – 2015. Cela commence ainsi : « Pourquoi la musique » est un livre de philosophie qui porte sur la musique.
  • Musicophilia (la musique, le cerveau et nous) : Oliver Sacks – 2009

 

Nous animons des Café Philo une fois par mois à Neuilly-Plaisance.

Durée 1h30

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